GUIDE DE HAUTE MONTAGNE

jeudi 24 avril 2014

Face Nord des Drus

Cela faisait quelques temps que je n'étais pas retourné à "la capitale", histoire de réaliser une belle voie. Nous nous étions calés quelques jours avec Rémi histoire de bien finir l'hiver. Charles étant disponible, il se joint à nous, la cordée de trois étant pour moi le modèle parfait pour les grandes ascensions.

L'objectif initial était bien sûr d'aller dans LA face... Des conditions bien sèches et un créneau météo trop court nous encourage à un changement d'objectif. Qu'importe, il y a tant de choses à faire dans ce Disneyland de l'alpinisme.

Les copains Pierre Labbre, Martin Elias et Louis Laurent sont partant pour tenter la Gabarrou / Long en face nord des Drus. Ca serait sympa de grimper en parallèle et puis c'est vrai que c'est peut être l'occasion d'aller sur cette montagne où on n'ose plus aller l'été pour cause d'éboulements tout aussi spectaculaires qu’imprévisibles... En conditions hivernales, la neige et la glace maintiennent les rocher instables.

On opte donc pour la voie Lesueur qui a été ces dernières années plusieurs fois reprise en dry tooling. La voie est sérieuse et le seul bivouac se situe haut dans la face... Comme on ne sait pas vraiment à quelle sauce on va être mangé, on potasse aussi la Pierre Allain, voie historique et mythique mais moins engagée.

Tout ce joli monde prend la benne des Grands Montets. Nous ne sommes pas les seuls à avoir prévu de dormir là haut et cette invasion d'alpinistes tend un peu le personnel qui nous explique sans ambages qu'il va falloir filer droit car nous sommes juste tolérés en ces lieux ! Chamonix n'est donc pas vraiment la capitale de l'alpinisme pour tout le monde...

Réveil à 1h30, marche d'approche dans une neige croutée, on attaque vers 4h30 le couloir Ryan-Lochmatter constitué de  rochers brisés dans le III/IV pour atteindre une zone de gradins enneigés.


Le jour se lève, il se met à neiger avec des spindrifts qui coulent de partout dans la face... Il ne nous faut pas longtemps pour décider de mettre le clignotant à droite dans la Pierre Allain d'où il sera plus facile de redescendre si le temps se dégrade encore.



Un coup de fil des potes pour nous dire qu'ils jettent l'éponge... Leur voie principalement rocheuse est impraticable et la météo prévoit un gros coup de vent du nord pour le lendemain. Comme on est pas venu pour rien, on décide de continuer !






On arrive au pied au pied de la cheminée pénible décrite dans les topos. C'est pas extrême, mais ça passe clairement pas avec le sac...



Après cette belle partie de renfougne, on arrive à la fissure Lambert qui est un des passages marquant de la voie. Il faudra déblayer un bouchon de neige dans cette longueur clef.




Le beau temps fait son apparition, les longueurs sont toutes magnifiques, à part le sac trop lourd sur les épaules, c'est vraiment génial d'être là ! La suite reste soutenue.



Quelques longueurs plus roulantes nous amènent à la niche. Ce névé suspendu est bien plus grand qu'on ne se l'imagine et se situe seulement un peu plus haut que la moitié de la voie. Contrairement à un effet d'optique qui nous fait croire le sommet tout proche...


C'est Rémi qui grimpe en tête depuis le début. On lui propose de e relayer mais il veut aller jusqu'à l'emplacement de bivouac. Quand on arrive sur cette belle plateforme suspendue au dessus du dièdre de 90 m de la Directe Americaine, il est 15 h.


Le vent commence à se lever fortement comme prévu et on décide de ne pas moisir là. Un bivouac en plein vent, même si il est confortable, n'a rien d’idyllique  et on veut essayer de monter le plus haut possible voire de sortir. Rémi ne nous laisse  pas le temps de comprendre et repart à fond !



La suite est vraiment athlétique dans une ambiance bien raide.



Avec Charles, on commence à s'ennuyer d'être en second. A chaque relais, la tentation est forte, mais la motivation de Rémi est pure. Il est concentré, son regard tendu vers le haut. On voudrait aussi notre part du gâteau mais pourquoi sacrifier la dynamique d'une cordée à nos ambitions personnelles. On est efficace, lui devant, nous derrière et c'est bien cela le principal !



La fissure Martinetti nous donne du fil à retorde, le vent devient de plus en plus violent...






On assiste à un coucher du soleil incroyable avec une mer de nuage magnifique. La nuit nous engloutie quelques longueurs sous le sommet. Le sommeil se fait sentir, le froid devient intolérable et je ne rêve que de me glisser à l'abri dans mon duvet... Avec Charles on se relais à l'assurage histoire de pouvoir somnoler chacun  à notre tour...
La flamme de Rémi vacille, mais ne s'éteint pas. On est si près du sommet, il veut sortir nous mettre à l'abri de ce vent qui nous torture. Il hurle dans la nuit, ne trouvant plus le cheminement modifié par les éboulements successifs et la disparition de l'épaule du Bonatti.

On tente le joker avec le coup de fil à un ami, il est minuit. Bastiou répond, se rappelle son ascension récente et nous guide vers "le trou du canon". On est dans une impasse, il faut faire un rappel, retraverser à gauche sur la première vire de quartz, remonter une cheminée censée être facile pour retraverser à droite sur la deuxième vire de quartz et finir par une dernière longueur menant à cette curiosité géologique qui nous fait instantanément basculer en face sud 24h après avoir passé la rimaye... 


Assez vite, on trouve un emplacement de bivouac quatre étoiles et on s'endort sans même boire ou manger...
Une poignée d' heures plus tard, on assiste à un fantastique levé de soleil sur lesGrandes Jorasses et le Mont Blanc. Le spectacle est magnifique et justifie à lui seul notre présence en ces lieux !



On savoure le luxe de trainer bien au chaud dans nos duvet, devant ce panorama de rêve en attendant tranquillement l'arrivée du soleil.




On prend le temps de petit déjeuner, on est quand même bien éclatés avec pas beaucoup d'heures de sommeil au compteur depuis qu'on est parti de Cham.On se pose la question d'aller "chatouiller la vierge" du sommet mais la descente va surement être longue et nous demander encore de la concentration.

On rejoint le glacier tourmenté de la Charpoua entre rappels et désescalade.




Bien sûr, on loupe le train du Montenvers et la descente à pied finira de nous achever.
Histoire de finir en beauté (et parce qu'on est même pas fatigués...) , on se fait embarquer dans une soirée electro hallucinante jusqu'à une heure bien avancée de la nuit...

Aller demain on dort !

lundi 7 avril 2014

C'est le printemps !

Avec la chaleur qui règne en se moment, il semblerait que le printemps soit bel et bien arrivé et que l'hiver tire sa révérence...

Peut être encore un peu d'alpinisme à la faveur de bonnes conditions mais ça sent le caillou !

On aura quand même essayé d'en profiter jusqu'au bout...