Mixte d'envergure à la Pena Forato

La pena Forato sommet d'altitude modeste situé sur le versant espagnol de la chaîne présente une imposante face nord injustement méconnue qui ressemble, toutes proportions gardées, à celle de l'Eiger...

Certaines années exceptionnelles, la face est bien englacée et propose des itinéraires mixtes de haute volée. Cette année, elle est très sèche mais en ce début d'année une cordée espagnole inaugure un nouvel itinéraire finalement très rocheux. Je réussit à convaincre Florent Dulac pour m'accompagner dans ce qui va être une véritable épopée...

Le topo "officiel" est assez simplifié et ne fait état que des longueurs clefs mais en réalité, nous allons apprendre à nos dépens que la journée va être très longue...

On commence étrangement par traverser tout le pied de la face par un névé suspendu qui permet d'accéder à une zone ou il est possible de franchir un barre rocheuse au caillou détestable !

A priori, nous sommes les premiers à répéter cette voie et il n'est pas facile de détecter des traces de passages pour nous guider dans ce cheminement complexe.

La première longueur nous met tout de suite dans le bain. C'est raide, difficile à protéger et assez exposé...

Florent repart dans la deuxième longueur qui "est encore en construction"... Un dièdre en rocher bien pourri avec de bonnes grosses écailles ici et là, la vigilance est de mise !

On parcoure ensuite une zone plus neigeuse parsemée de petits passages de mixtes pas toujours évident à négocier. Dans ce rocher parfois compact, parfois pourri, confectionner un relai béton est tout un art.

Pour l'instant, on fait encore les pitres...

La voie repart dans des longueurs rocheuses vraiment pas évidentes et une fois de plus, le temps nous file entre les piolets !

Quand on parviens à ce qui nous semble être la brèche décrite dans topo, il fait déjà nuit !

Il semblerait qu'il faille redescendre derrière mais nous tombons dans ce qu'on pense être la voie Leandro  Arbeola. C'était pas précisé dans le topo et on y comprend plus rien mais peu importe, il va bien falloir sortir. Je me retrouve au pied d'une superbe longueur très typée "cascade" qui dénote avec ce que nous avons pu rencontrer jusque là dans la voie. Seul hic, on a pas prévu de broche et le rocher compact m'offre peu de possibilités de protections ! C'est plutôt raide et j'assure toutes mes frappes dans ce qui ressemble presque à du solo encordé.

Ca se couche en un couloir neigeux qui nous fait espérer la fin de la voie mais que nenni, le plus dur nous reste à faire... On vient buter sur une cheminée partiellement recouverte de glace qui meurt au milieu de nulle part. Le rocher est proche de la décomposition et je ne parviens pas à me protéger. Pire, impossible de faire un relais dans cette partie et nous avançons à corde tendue, de très longues minutes de concentration extrême !

Quand nous touchons enfin le somment battu par les vents, il est 1h du matin ! Une descente complexe nous verra errer une partie de la nuit et nous regagnons la voiture 23 h après l'avoir quittée...

Un grand merci à Florent pour avoir tenu bon tout au long de cette très longue journée et de nous avoir ramené à la maison sein et sauf après mon endormissement au volant au bout de quelques kilomètres !